Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Comment le poète tente-t-il d’exprimer sa souffrance ?
I. Le poète décrit l’intensité de sa souffrance
1. Le poète fait ressortir une impression d’étouffement.
vers 1 : métaphore de l’étouffement renforcée par comparaison
vers 5 : métaphore de l’emprisonnement
vers 11 : métaphore de l’araignée (étouffement, emprisonnement)
vers 12 : métaphore du piège
vers 1 et 3 (Q1) : rime « couvercle » et « cercle » (emprisonné dans sa souffrance)
2. La souffrance du poète perdure
vers 3 : personnification de l’horizon (tristesse infinie) renforcée par superlatif
vers 4 : allitération en « r » (souffrance)
vers 9 : hyperbole « immense » (souffrance perdure et s’étend)
vers 16 : terme péjoratif « geindre » (plainte interminable donc persistance de la douleur)
4 premiers quatrains : une phrase (étendue de sa souffrance)
II. Le poète garde cependant espoir
1. Le poète tente de trouver une issue
vers 2 : personnification (l’esprit s’impose)
vers 6 : allégorie+comparaison « Espérance » (importance) renforcée par « chauve-souris » (liberté en danger car vole mais est le symbole du mal, présage d’une issue fatale)
vers 8 : renforce la liberté en danger, il tente de s’enfuir mais en vain
vers 11 : antithèse entre «peuple muet » et le cri du poète (volonté de s’en sortir)
vers 13 : « tout à coup » hypothèse de renversement de la situation
vers 18 : « Espoir » allégorie+enjambement (possibilité de guérison) renforcée par l’enjambement
2. Malgré ses efforts pour vaincre sa souffrance, le poète est submergé par celle-ci
vers 4 : oxymore « jour noir », renforcé par antithèse « jour » « nuit » (solitude)
vers 7 : liberté ne peut être complète
vers 10 : métaphore filée de la « prison » (ne peut se libérer de ses problèmes, de sa douleur et de sa souffrance)
vers 13 : hyperbole « furie » (plus fort que sa peine)
vers 14 : fatalité, dernier cri de souffrance, désespoir
vers 15 : retour à la mélancolie
vers 17 : mort sans espoir, ni adieux (cortège funèbre)
vers 19 : enjambement « vaincu » (fin de l’espérance)
vers 19 : allégorie « Angoisse » (elle triomphe) renforcée par accumulation (écrase l’espoir) renforcée par antithèse « Espoir » « Angoisse »
vers 20 : « incliné » (soumission) renforcée par « drapeau noir » (fin, mort)
Les fleurs du mal
Charles Baudelaire (1821-1867)
Spleen d'autrespoèmes sous ce même titre