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  • : Denis Diderot :"C'est manquer son but que d'amuser et de plaire lorsqu'on peut instruire et toucher"...[ blog destiné aux élèves de Première qui veulent réviser et approfondir les objets d'étude au programme de Français.]
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  Un texte de Charles Juliet 

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16 mai 2007 3 16 /05 /mai /2007 20:24
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D'Alembert dans l'article GENEVE


On ne souffre point à Genève de comédie; ce n'est pas qu'on y désapprouve les spectacles en eux - mêmes, mais on craint, dit - on, le goût de parure, de dissipation & de libertinage que les troupes de comédiens répandent parmi la jeunesse. Cependant ne serait- il pas possible de remédier à cet inconvénient, par des lois sévères& bien exécutées sur la conduite des comédiens? Par ce moyen Genève aurait des spectacles & des moeurs, & jouirait de l'avantage des uns & des autres: les représentations théâtrales formeraient le goût des citoyens, & leur donneraient une finesse de tact, une délicatesse de sentiment qu'il est très - difficile d'acquérir sans ce secours; la littérature en profiterait, sans que le libertinage fit des progrès, & Genève réunirait à la sagesse de Lacédémone la politesse d'Athènes. Une autre considération digne d'une république si sage & si éclairée, devrait peut - être l'engager à permettre les spectacles. Le préjugé barbare contre la profession de comédien, l'espèce d'avilissement où nous avons mis ces hommes si nécessaires au progrès & au soutien des Arts, est certainement une des principales causes qui contribue au dérèglement que nous leur reprochons: ils cherchent à se dédommager par les plaisirs, de l'estime que leur état ne peut obtenir. Parmi nous, un comédien qui a des moeurs est doublement respectable; mais à peine lui en sait- on quelque gré. Le traitant qui insulte à l'indigence publique & qui s'en nourrit, le courtisan qui rampe, & qui ne paye point ses dettes, voilà l'espèce d'hommes que nous honorons le plus.

Si les comédiens étaient non - seulement soufferts à Genève, mais contenus d'abord par des règlement sages, protégés ensuite, & même considérés dès qu'ils en seraient dignes, enfin absolument placés sur la même ligne que les autres citoyens, cette ville aurait bientôt l'avantage de posséder ce qu'on croit si rare, & ce qui ne l'est que par notre faute, une troupe de comédiens estimable. Ajoutons que cette troupe deviendrait bientôt la meilleure de l'Europe: plusieurs personnes pleines de goût & de disposition pour le théâtre, & qui craignent de se déshonorer parmi nous en s'y livrant, accourraient à Genève, pour cultiver non - seulement sans honte, mais même avec estime, un talent si agréable & si peu commun. Le séjour de cette ville, que bien des François regardent comme triste par la privation des spectacles, deviendrait alors le séjour des plaisirs honnêtes, comme il est celui de la Philosophie & de la liberté; & les étrangers ne seraient plus surpris de voir que dans une ville où les spectacles décent & réguliers sont défendus, on permette des farces grossières& sans esprit, aussi contraires au bon goût qu'aux bonnes moeurs. Ce n'est pas tout: peu - à - peu l'exemple des comédiens de Genève, la régularité de leur conduite, & la considération dont elle les ferait jouir, serviraient de modèle aux comédiens des autres nations, & de leçon à ceux qui les ont traités jusqu'ici avec tant de rigueur& même d'inconséquence. On ne les verrait pas d'un côté pensionnés par le gouvernement, & de l'autre un objet d'anathème; nos prêtres perdraient l'habitude de les excommunier, & nos bourgeois de les regarder avec mépris; & une petite république aurait la gloire d'avoir réformé l'Europe sur ce point, plus important peut - être qu'on ne pense.

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