CONCLUSION
"Avant coureurs candides ou survivants hébétés"
Bienvenue aux albatros sur le blog de première-aile
Écrire pour produire la lumière dont j’ai besoin.
Écrire pour m’inventer, me créer, me faire exister.
Écrire pour soustraire des instants de vie à l’érosion du temps.
Écrire pour devenir plus fluide. Pour apprendre à mourir au terme de chaque instant. Pour faire que la mort devienne une compagne de chaque jour.
Écrire pour donner sens à ma vie. Pour éviter qu’elle ne demeure comme une terre en friche.
Écrire pour affirmer certaines valeurs face aux égarements d’une société malade.
Un texte de Charles Juliet
http://www.futurs-sf.com/livres/1984.html
Ce patois mondialisé de la domestication culturelle Novlangue à Euroland
L’ère du texto et du logo possède son espéranto. L’idiot du village global a créé son idiome et fabrique les tics de langage d’une époque en toc. Quoi de plus normal que la langue répercute cette grande transformation de la vie en « gestion » de l’existence. Car, du village global à Euroland, c’est bien une « novlangue » qui s’empare d’un monde exsangue, explique Jaime Semprun dans un ouvrage radical et subtil (1). Emprunté au célèbre 1984 de George Orwell, le terme de « novlangue » désigne ici « la langue naturelle d’un monde toujours plus artificiel ». Les néologismes en constituent la part émergée, que les nostalgiques de « l’archéolangue » s’empressent souvent de railler sans toujours en mesurer leur parfaite adéquation à la nouvelle civilisation des mœurs rectifiées « par la logique technique informatisée ». Du « capital-santé » à la « signalétique » des « sentiers balisés », tous ces nouveaux mots donnent le « la » d’un monde renversé, d’un langage retourné.
Pionniers d’un univers de sensations nouvelles, les jeunes, dont le parler est « souvent si proche » de celui des décideurs, fait remarquer l’auteur, se trouvent à l’avant-garde de cette « refonte linguistique radicale ». Mais, relève-t-il, « je crois qu’il suffit d’observer le dynamisme et l’aptitude à toujours “rebondir” et rester “au top des seniors” d’aujourd’hui pour s’assurer qu’il n’y a nul risque de les voir distancés par les cours impétueux du changement ». Une critique ironique qui « ne saurait interdire au lecteur de conclure » que c’est à ce monde nouveau dont la « novlangue française » est le reflet « qu’il faut s’en prendre si elle ne lui donne pas entière satisfaction ».
Encore faudrait-il pour cela avoir retrouvé la puissance de la parole et la capacité, sérieusement endommagée depuis le 11-Septembre, de construire du récit. Or, depuis cet événement inaugural et aveuglant, « le temps réel a tué l’explication », analyse l’écrivain Christian Salmon (2) au fil d’un recueil de textes destiné à explorer – et à déplorer – la « crise mondiale de la narration » qui a gagné un Occident passé sous la coupe du « capitalisme culturel » substituant désormais l’anecdote (story) au récit (narrative). Des bons mots de George Bush aux reality-shows mondialisés, les frontières entre le vrai et le faux, le fait et la fiction se sont abolies. A travers ces portraits d’hommes sans récits, seuls les écrivains (Kafka, Musil ou Benjamin) lui servent de boussole et permettent de donner corps à une résistance possible à la « domestication culturelle » qui gagne une vie dépossédée de son « caractère narratif, comme la peinture avait cessé un jour d’être figurative ».
C’est donc parce que nous sommes en train de rogner notre « pouvoir d’énonciation », comme le disait André Breton, que deux éminents traducteurs et philologues, refusant aussi bien la nostalgie de l’« archéolangue » que l’adaptation d’une langue ravalée au rang de compétence technique, proposent de retrouver la visée émancipatrice de l’apprentissage des langues maternelles qui, grâce à une école au cursus européen renouvelé par de nouvelles « humanités », permettrait aux individus de réinstaurer une relation libre à leur langue, face à la tyrannie de l’immédiateté (3). Un plaidoyer pour l’enseignement d’une « langue de culture » et non pas de « service », entièrement tournée vers un projet resté inachevé : « l’autonomie », cette capacité de se donner à soi-même ses propres normes.
Nicolas Truong. juin 2005 http://www.monde-diplomatique.fr/2005/06/TRUONG/12509
Lorsque les nazis sont venus chercher les communistes
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas communiste.
Lorsqu'ils sont venus chercher les sociaux-démocrates
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas social-démocrate.
Lorsqu'ils sont venus chercher les syndicalistes
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas syndicaliste.
Lorsqu'ils sont venus
chercher les juifs
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas juif.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Niem%C3%B6ller